sensiblement précisément tout le temps qu’il faut pour
faire des études, du commencement de la sixième à
l’achèvement de la philosophie. Or ces enfants de
paysans et ces enfants d’ouvriers, déjà triés fortement,
qui se préparaient et qui se destinaient ou que l’on
préparait et que l’on destinait à devenir instituteurs
étaient dans la moyenne au moins aussi intelligents
que les petits bourgeois qui entreprenaient un peu
confusément le lycée. Et ils travaillaient au moins
autant. Et quelques-uns travaillaient très bien. Ils se
donnaient beaucoup plus de mal, ils fournissaient beaucoup
plus de travail pour passer le brevet simple que
nous pour passer l’examen de fin de quatrième, que
nous ne passions pas, et pour passer le brevet supérieur
que nous pour passer le bachot. Alors on se
demande. Et il est si simple de se demander : Alors, à
ce compte-là, pour ce prix-là, pour cette longueur de
temps, pour tant de travail et pour tant de conduite on
se demande à ce prix-là pourquoi on ne leur fait pas
faire leurs études. Et pourquoi, au lieu du brevet supérieur,
qui n’est rien, on ne leur donne pas au moins le
bachot, qui n’est pas grand chose. Je ne vois pas en
quoi savoir du latin et du grec les empêcherait d’enseigner
du français, et même d’enseigner en français. Moi
je ferais un bon maître d’école. On se demande si ce
n’est pas la bourgeoisie française qui a fait exprès,
craignant la concurrence, d’avoir des instituteurs qui
n’eussent point fait leurs études. Car enfin il est au
moins aussi difficile et il faut au moins autant de travail
et autant de besogne pour entrer à l’École Normale de
Saint-Cloud que pour entrer à l’École Normale de l’enseignement
secondaire. (C’est la nôtre, mes enfants).
Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°5-8, 1913.djvu/206
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l’argent
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