à fait autres dans un journal allemand. Cette boutade si ingénieuse, qu’il n’y aura pas la guerre, parce que la guerre détruit les armées. Nous savons, nous, goûter tout le charme d’une telle invention. Mais les Allemands le goûteront-ils. Ces Allemands sont si bêtes, et si habitués au document, (si quelqu’un le sait, mon cher maître, c’est vous) : ils sont bien capables, quand ils trouvent dans un journal allemand un article, et un long article de M. Seignobos, professeur d’histoire à la Faculté des Lettres de l’Université de Paris, de croire qu’ils ont en face d’eux, et un professeur, et un historien, et un universitaire, et un fonctionnaire, et un officiel, (surtout étant donné ce qu’est chez eux un professeur) ; pour tout dire leur mouvement est certainement de croire qu’ils ont en face d’eux quelqu’un d’autorisé, et pour tout dire enfin ils sont si sots que ce qu’ils attendent d’un vieillard et d’un homme en place ce n’est peut-être pas des gamineries.
§. — Même en France, que M. Seignobos me permette de le lui dire, tout le monde ne le connaît pas comme nous le connaissons. Tout le monde n’est pas comme nous dans la clef de fa. Je sais bien que tous ces meetings ne sont guère pleins que de professionnels. Mais enfin dans ces meetings il peut se glisser par erreur quelques éléments de véritable peuple. Quand M. Seignobos parle dans un meeting, avec l’autorité que nous lui avons donnée par ailleurs, le peuple peut être tenté de faire ce raisonnement imprudent : qu’il sait l’histoire, puisqu’il l’enseigne. (Car pour nous nous