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les tapisseries


Le sang que j’ai versé sous la lance de Rome,
Le sang que j’ai versé sous l’ortie et le houx ;
Et quand je suis tombé par ma faiblesse d’homme
Sur mes mains, sur ma face et sur mes deux genoux ;

Le sang que j’ai versé sous la lance de Rome,
Le sang artériel que j’ai versé pour vous
Le jour que je tombai sur mes maigres genoux,
C’était le sang d’un juste et c’était du sang d’homme.

Le sang que j’ai versé sous la feinte couronne,
Les pleurs que j’ai versés sous cette multitude ;
Les mots que j’ai versés dans ma similitude,
Les coups que j’ai reçus sous la double colonne ;

Le verbe que j’ai mis en forme de parole
Et l’amour que j’ai mis en forme de bonté,
La gerbe que j’ai mise en forme d’unité,
Le grain que j’ai semé dans toute parabole ;

Le sang que j’ai versé sous la blanche aubépine,
Le sang que j’ai perdu dans mon humanité ;
Les pleurs que j’ai versés dans la creuse ravine,
Le sang que j’ai perdu dans mon éternité ;