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ÈVE


Les pleurs que j’ai perdus dans ma miséricorde,
Les coups que j’ai reçus dans mon humanité ;
L’avanie et l’outrage aux mains de cette horde,
Les coups que j’ai reçus dans mon éternité ;

Le sang que j’ai versé le jour de la promesse,
Le sang que j’ai versé sur le premier autel ;
Et le sang que je verse aux tables de la messe,
Le sang inépuisable et le sacramentel ;

Les mots que j’ai semés dans ma miséricorde,
Le sang que j’ai payé pour le péché mortel,
Et la rage et la honte et le sceptre et la corde,
Le sang intarissable et le sacramentel ;

Le sang que je versai le jour que je fus prêtre
Et que j’officiai sur le premier autel ;
Et celui que je verse et que je fais renaître,
Le sang renouvelable et le sacramentel ;

Le sang que je versai le lendemain du jour
Que je fus embrassé par un malheureux traître ;
Et ce sang d’un égal et d’un nouvel amour
Que je verse et refais aux mains d’un nouveau prêtre ;