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les tapisseries



Vous n’avez plus connu que des puits tarissables,
Et sur de maigres champs de plus maigres labours.
Et sur de maigres ans de plus maigres amours.
Et du haut du plateau des cèdres pourrissables.

Et du haut du péché des âmes corruptibles.
Et du haut de la treille un pampre périssable.
Et du haut de l’orgueil l’envie impérissable.
Et du haut de l’amour des haines putrescibles.

Et du haut du bonheur la mort et l’épouvante,
Et du haut de l’honneur le travail et la peine.
Et du haut de l’amour l’amertume et la haine.
Et la honte maîtresse et la honte servante.

Et du haut de la mort la borne infranchissable,
Et la foi toujours pleine et toujours décevante.
Et du haut du destin le sort inconnaissable.
Et du haut de l’amour une pitié fervente.

Vous n’avez plus connu que le temps dans le lieu.
Vous n’avez plus connu la jeunesse du monde,
Et cette paix du cœur plus lourde et plus profonde
Que l’énorme Océan sous le regard de Dieu,

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