Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/443

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luxure, qui ne peuvent même pas s’assurer un peu de vrai plaisir. Les luxurieux sont rares, qui ne le sont pas seulement d’intention. Et comme ils manquent au propos pour lequel ils vivent, ils sont en faute, étant en défaut, et se sentent coupables. Leur péché n’est point tant de luxure, que de n’y pas suffire. Et ils sont damnés, non moins que l’avare mourant de faim et de froid, une nuit d’hiver, sur son fumier d’or.

Le commun peuple, qui s’indigne contre la luxure, serait frappé d’étonnement, s’ils entraient dans l’âme luxurieuse du poète. Lis la verraient dévorée de désir, et vouée aux délices, comme aux tortures de l’imagination. Ha, belles victimes sans repos, de Villon à Baudelaire et à Verlaine. Je crois les grands artistes capables de tout, comme on dit ; et surtout de se vaincre ; mais non pas tous, ni en tout temps. Et enfin, leur curiosité est insa-