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ÈVE



Et quand se lèveront dans les champs de carnage
Tant de soldats péris pour des cités mortelles,
Et quand s’éveilleront du haut des citadelles
Tant de veilleurs sortis d’un terrible hivernage ;

Et quand s’éveilleront, d’un terrible réveil,
Tant de guetteurs assis au faîte de la tour,
Et quand les chambellans et les dames d’atour
S’arracheront des bras de l’antique sommeil ;

Quand tout ne sera plus que poussière et que cendre,
Quand se réveillera la belle au bois dormant,
Quand le page et la reine et le prince charmant
Diront : C’est le grand jour ; ô maître il faut descendre ;

Et quand tous trembleront, et de la même transe,
Disant : L’heure est sonnée, il est temps de paraître ;
Et quand le roi Louis et quand le roi de France
Ne sera plus qu’un pauvre et qu’un malheureux être ;

Quand ne sonnera plus la cloche du baptême,
Et l’entrée à la messe et le saint sacrement,
Et la jeune promesse et le grave serment,
Et l’automne fleuri de grave chrysanthème ;

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