miques se produirait d’une façon purement spontanée.
Or, ce fédéralisme ne peut sortir de l’abstraction, il ne peut prendre corps et devenir vraiment intégral que si un ordre — l’ordre royal — lui sert de soubassement. La République, corruptrice et fusilleuse, a eu soin de nous démontrer avec évidence qu’un régime électif ne peut qu’attenter à l’indépendance des groupements de producteurs, des républiques ouvrières. L’expérience de Proudhon était, sur ce point, insuffisante. La nôtre est entièrement achevée.
Faute d’avoir saisi toutes les conditions réelles, concrètes, historiques, de l’ordre qu’il voulait réaliser, Proudhon n’a pu en discerner que les grandes lignes. En lui, le royalisme n’a été qu’en puissance. Mais n’est-ce point suffisant pour que nous fassions cesser le scandale persistant d’un Proudhon, père de l’anarchie et grand prêtre de la République ? Et n’est-il point grand temps de le faire apparaître, sous ses traits véritables, et, dussent quelques badauds s’en étonner, de montrer en lui un « faiseur d’ordre »[1] et l’un des plus grands qui aient existé au siècle dernier ?
- ↑ « Vous serez quelque jour fort étonné d’apprendre, après ce que vous avez entendu et supposé vous-même de mes opinions, que je suis un des plus grands faiseurs d’ordre, un des progressistes les plus modérés, un des réformateurs les moins utopiques et les plus pratiques qui existent… » (Correspondance, t. XII, p. 220.)