L’allemanisme, les critiques de Marx, par Bernstein, la nouvelle école socialiste, autant de pas faits vers le syndicalisme. « Le marxisme… écarte la notion de parti qui était capitale dans la conception des révolutionnaires classiques pour revenir à la notion de classe »[1]. La lutte de Marx contre les intellectuels révolutionnaires qui suivaient Bakounine en 1873, c’est une répudiation du blanquisme et de ses états-majors bourgeois[2]. Bernstein ne voit pas toujours clair quand il reproche à Marx les erreurs de Blanqui. Il critique fortement la dialectique hégélienne de Marx, sans comprendre qu’en réalité celui-ci voyait la révolution sociale sous un aspect mythique et que le marxisme, philosophie des bras et non des têtes, comme dit Sorel[3], n’a qu’une seule chose en vue : « Amener la classe ouvrière à comprendre que tout son avenir dépend de la notion de lutte de classes[4]. » Ce qu’il en fallait conserver se retrouve dans les idées de Pelloutier cherchant à imposer le socialisme sur une absolue séparation de classes et sur l’abandon de toute espérance de rénovation politique, et conviant les jeunes gens « à prouver expérimentalement à la foule ouvrière, au sein de ses propres institutions, qu’un gouvernement de soi par soi-même est possible et aussi l’armer en l’instruisant de la nécessité de la révolution contre les suggestions énervantes du capitalisme »[5].
M. Édouard Berth a accusé, dans une analyse connue[6], l’opposition du syndicalisme révolutionnaire et du guesdisme. Tandis qu’un socialisme, tel que celui-ci,