Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faits. Jugeant toutes choses au point de vue abstrait de la Déclaration des Droits de l’homme, ils disaient que la législation de 1789 avait été faite pour faire disparaître toutes distinctions de classes dans le droit ; c’est pour cette raison qu’ils s’opposaient aux projets de législation sociale qui, presque toujours, réintroduisent la notion des classes[1] ». Il est tellement évident que le syndicalisme, par l’organisation en corps de métiers qu’il implique, est hostile à l’esprit démocratique qui réduit la société à une somme d’individus qu’il est à peine utile d’insister sur cette vérité banale. Mieux vaut montrer comment, sous l’influence de Sorel et selon son interprétation, le syndicalisme s’est évadé du socialisme.

Par l’intermédiaire de Pelloutier, le syndicalisme est d’origine proudhonienne. Dans un article sur la philosophie de Proudhon, paru en 1892, Sorel a montré l’importance dans son œuvre de la doctrine des contradictions économiques, et les conséquences qu’en tirait Proudhon quant à l’éducation nécessaire des ouvriers[2]. Dans l’avant-propos des Illusions du Progrès, Sorel montre encore que Proudhon, sans accepter la doctrine marxiste des classes, a pu écrire « qu’une grande nation moderne fournit une représentation de tous les âges de l’humanité » dans chacun de ses groupes sociaux. C’est dans la notion claire et simple de la lutte des classes que le syndicalisme enfermé dans le socialisme a trouvé sa porte de sortie. M. Édouard Berth ne semble-t-il pas à ce sujet même indiquer qu’il n’a fait ainsi que préciser des formules imparfaites de Proudhon[3] ?

  1. Georges Sorel. Réflexions sur la violence, p. 15.
  2. Georges Sorel. La philosophie de Proudhon, R. philosophique, 1892.
  3. Berth. Les nouveaux aspects du socialisme.