Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/33

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aurait puisé, dans ces fortes pages, une connaissance de la situation européenne et une intelligence de la politique française infiniment plus sérieuses et plus réalistes, et surtout infiniment plus nationales, que dans des articles de journaux subventionnés par l’étranger, et dans les rapports de vieux diplomates, inconscients de leur fonction publique, et qui, ayant perdu l’habitude de recevoir une ferme direction, s’abandonnant aux vents d’une politique inférieure, menée et aiguillée par les financiers internationaux.

« Notre seule chance de salut, disait Proudhon, serait de nous transformer en province italienne, à moins que nous fussions assez forts pour faire de l'Italie elle-même une annexe de l’Empire »[1].

Pour que de telles paroles pussent trouver le chemin des cerveaux français, il aurait fallu qu’elles ne fussent pas étouffées et comprimées par le bruit des manœuvres de la cavalerie de Saint-Georges et de l’artillerie de Saint-Maurice et Saint-Lazare. Toutes les forces hostiles à la France, toutes les puissances avides de nous abaisser, rencontraient dans la construction italienne une machine de guerre susceptible d’importer dans le réel leurs rêves et leurs visées, et dans la maison de Savoie le siège désigné d’une confédération anti-française. Le règne de l’Opinion, institué chez nous par la démocratie, épargnait à l’Étranger, pour la réalisation de ses projets, une dépense d’énergie militaire.

L’Or, dispensé aux journaux français, travailla à mouvoir la générosité naturelle du cœur français en basse sentimentalité humanitaire : une agitation italianiste fut le produit de ces menées souterraines. Les armées de la France, à Solférino et à Magenta, combattirent avec un courage victorieux pour la défaite de leur

  1. Du Principe Fédératif, p. 133.