Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 3-4, 1912.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
discours d’henri lagrange

grands courants de l’énergie nationale : l’un et l’autre, antilibéraux et antidémocratiques, issus de fortes réalités, ennemis acharnés du régime capitaliste.

Mais cette connaissance des caractères communs aux deux mouvements, c’est à M. Georges Sorel que nous la devons. C’est lui, aussi, qui a révélé aux nationalistes que la raison profonde de l’antipatriotisme syndical résidait dans la forme capitaliste et antinationale de l’État. Quelqu’autre jour, l’occasion nous sera fournie de remercier les socialistes antidémocrates, comme Édouard Berth, les nationalistes intégraux comme Georges Valois, de la part qu’ils ont prise au rapprochement des syndicalistes et des admirateurs de l’Enquête sur la Monarchie.

Aujourd’hui, c’est à M. Georges Sorel que vont tous les témoignages de notre admiration et de notre reconnaissance. En étudiant, en analysant, en pénétrant aussi profondément la vie syndicale, il a permis à des Français qui se croyaient ennemis jurés de s’unir pour travailler de concert à l’organisation du pays français. J’aurais voulu dire de vive voix au grand philosophe et au grand historien des Réflexions sur la Violence et de la Révolution dreyfusienne, toute notre affection intellectuelle.

L’œuvre de Georges Sorel marque une date importante dans l’histoire des idées et dans l’histoire de France : elle découvre soudain aux Français qui recherchent l’ordre un magnifique terrain d’entente nationale. Sans Georges Sorel, le Cercle Proudhon ne pourrait exister : il y sera donc toujours honoré et admiré comme un maître.

Ce n’est pas notre négation des vertus démocratiques