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la famille chez proudhon et dans la démocratie

qui tiennent pourtant une grande place dans la pensée proudhonienne. Était-ce pudeur ? Était-ce crainte ? J’incline pour la crainte : pas une ligne de Proudhon qui, en ces matières, n’eût marqué au fer rouge les gros seigneurs de la démocratie réunis au pied de la statue de ce grand moraliste français.

Mais cette conduite nous dicte la nôtre. La vérité embarrasse les démocrates, nous la dirons. Ils enterrent Proudhon, nous l’exhumerons. Ce faisant nous servirons à la fois et la cause de l’intelligence et celle du peuple dont je suis, pour ma part, de toutes les fibres de mon corps.


II


Parce qu’il observe déjà, de son temps, que la société française est menacée de se dissoudre, Proudhon écrit De la Justice dans la Révolution et dans l’Église. L’ouvrage a pour but, dit-il, « de reconnaître la réalité du mal, d’en assigner la cause, et en découvrir le remède. »

Proudhon constate que le scepticisme s’est abattu sur la morale : « C’est en cela que consiste la dissolution moderne. » Il délimite le domaine des effets de ce scepticisme : « L’histoire montre que si la sûreté des personnes et des propriétés ne peut être sérieusement atteinte par le doute moral, il n’en est pas de même de la famille et de la société. »

On peut donc affirmer que Proudhon écrit sa Justice pour défendre, soutenir, exalter et remettre en honneur ces trois fois complémentaires : la foi conjugale, la foi juridique et la foi politique. Voyons ce qu’il dit de la famille.

Le premier degré de juridiction est le mariage. Organe de la justice, ce dernier unit, dans un dévouement