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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 3-4, 1912.djvu/35

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la famille chez proudhon et dans la démocratie

réciproque absolu, la puissance et la grâce, le vaillant travailleur et l’active ménagère.

La famille est le deuxième degré de juridiction. Par la progéniture, le couple androgyne perpétue la justice, en assure l’amplification, le développement et nous amène au seuil de la cité.

Soulevé par son sujet, Proudhon trouve sans peine de lyriques accents ; leur enthousiasme vient rehausser l’exactitude et la finesse des observations psychologiques de notre auteur :

« Par la génération, l’idée du droit prend un premier accroissement d’abord dans le cœur du père. La paternité est le moment décisif de la vie morale. C’est alors que l’homme s’assure dans sa dignité, conçoit la Justice comme son vrai bien, comme sa gloire, le monument de son existence, l’héritage le plus précieux qu’il puisse laisser à ses enfants. Son nom, un nom sans tache, à faire passer comme un titre de noblesse à la postérité, telle est désormais la pensée qui remplit l’âme du père de famille. »

Quelle noblesse, quelle beauté, quel accent cornélien dans ces quelques lignes si pleines et si profondément traditionnelles ! Comme elles dominent — et de quelle hauteur ! — les rampants conseils de nos « générateurs conscients » !

Aujourd’hui, dans notre démocratie, on ne désire pas l’enfant : on redoute sa venue, on la retarde et on l’empêche par une série de pratiques sur lesquelles je n’ai pas besoin de m’étendre. M. Vautour et ses locataires veulent voir

« la maison sans enfants ».

Observez un peu nos modernes : moroses et débiles jouisseurs, ils ont une haine presque maladive pour les