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la famille chez proudhon et dans la démocratie

notre démocratie ! Le divorce y est de plus en plus courant et l’on parle de l’élargir encore.

En matière de mariage, la loi démocratique méconnaît en partie l’autorité paternelle ; elle finira par l’ignorer tout à fait. Elle contredit ainsi l’austère enseignement proudhonien : « Le devoir du père de famille, écrit en effet notre auteur, est d’établir ses enfants dans l’honorabilité et la justice : c’est la récompense de ses travaux et la joie de ses vieux ans de donner sa fille, de choisir à son fils une femme de sa propre main… Quand un fils, une fille, pour satisfaire son inclinaison, foule aux pieds le vœu de son père, l’exhérédation est pour celui-ci le premier des droits et le plus saint des devoirs. »

Enfin, la démocratie atteint l’hérédité par le moyen d’impôts toujours plus lourds et destinés à le devenir encore davantage. Rien de plus facile à comprendre pour aménager la cité céleste, pour faire le bonheur du peuple et élever l’âme des citoyens, il faut de l’argent, beaucoup d’argent, énormément d’argent, car celui-ci est déjà aux trois quarts consommé avant d’être affecté à sa destination spéciale. Aucune machine ne rend moins que l’État. Énorme et poussif, anémié et pourtant chargé de mauvaise graisse, il gaspille les ressources de la nation et cherche à s’en procurer de nouvelles pour les jeter dans le gouffre de son budget. Écrasant la famille sous le poids de ses contributions indirectes et de ses monopoles, l’État, insatiable, s’en prend à l’héritage et se charge de l’engloutir au bout de deux ou trois générations.

Tout conspire, on le voit, dans une démocratie, à dissoudre, à ruiner, à anéantir la famille les lois, les actions, l’idéal sont contre elle. Le divorce en progrès ; le féminisme plein d’arrogance ; la ménagère abandon-