Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/33

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attaquera, elle minera sourdement tous les mouvementa d’idées qui pourraient faire prévaloir une valeur supérieure à la valeur marchande. Elle corrodera le catholicisme par le modernisme, qui est essentiellement une transaction entre la Foi chrétienne et le monde moderne ; la Philosophie par le pragmatisme, qui est un modernisme philosophique ; le socialisme et le nationalisme par le parlementarisme : partout enfin où elle flaire un esprit d’intransigeance guerrière susceptible de dresser et de maintenir contre elle quelque Absolu et quelque Surnaturel au sein de cet universel relativisme naturaliste du monde moderne si favorable à son règne, elle essaie immédiatement de l’entamer, de l’envelopper, de le « pacifier » : c’est ainsi qu’elle a miné le syndicalisme lui-même ; on connaît le travail sourd accompli par elle lors des dernières grandes grèves, et il suffit de lire attentivement la Bataille syndicaliste pour y apercevoir de perpétuelles infiltrations juives et bourgeoises, c’est-à-dire ploutocratiques. Elle essaiera évidemment, elle a déjà essayé d’escamoter le mouvement nationaliste créé par l’Action française. Le fameux « ministère national », avec Poincaré, Millerand et Delcassé, faisant semblant de travailler à la restauration nationale, n’a pas d’autre raison que cette tentative d’escamotage. Ce qu’on prépare, en réalité, c’est, je le répète, à la faveur du réveil nationaliste, un quelconque empire juif, c’est-à-dire le règne absolu et incontesté de la Ploutocratie, sous les espèces d’un césarisme démocratique, régime où la centralisation, la bancocratie et la pornocratie s’installeront sur la ruine définitive de tout Droit et où Jacobins nantis et socialistes saint-simoniens à la Jaurès pourront une fois de plus se donner pleine licence et libre carrière. Et l’Église de Rome sera appelée une fois encore à bénir