Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce monstrueux concubinage de Révolution et de Contre-Révolution qu’on appelle l’Ordre Bourgeois ou Juste-Milieu napoléonien. On lui offrira de sauver ses églises de la ruine[1], au nom de l’Art et de la Beauté (il est curieux comme les régimes démocratiques invoquent facilement l’Art c’est, sans doute, selon une remarque de Proudhon, que l’Art n’est le plus souvent qu’un agent pornocratique et qu’il n’y a rien au monde de plus vénal et de plus corrompu que les gens de lettres et autres artistes, comparés par le même Proudhon à des filles perdues) ; on lui offrira des satisfactions d’ordre apparent et matériel qui combleront d’aise notre bourgeoisie cléricale, dont la lâcheté, la vanité et la niaiserie sont incommensurables. On lui demandera en échange de se rallier un peu plus, et nous aurons le Troisième Empire. Ce jour-là, a déclaré solennellement Léon Daudet, royalistes et syndicalistes se trouveront du même côté de la barricade.

Il faut, en effet, que le double mouvement nationaliste et syndicaliste, parallèle et synchronique, aboutisse à l’éviction complète du régime de l’or et au triomphe des valeurs héroïques, sur cet ignoble matérialisme bourgeois où l’Europe actuelle étouffe. Il faut, en d’autres termes, que ce réveil de la Force et du Sang contre l’Or, dont Pareto a signalé les premiers symptômes, et dont Sorel, par ses Réflexions sur la Violence et Maurras, par son Si le coup de force est possible, ont donné le signal, s’achève par la déroute définitive de la Ploutocratie. L’obstacle à l’heureux épanouis-

  1. À l’interpellation de Barrèt sur les églises, M. Steeg a répondu que « tout désarmement doit être simultané ». Ce qui voulait dire : Catholiques, commencez par désarmer, acceptez la laïque, acceptez les cultuelles, faites condamner l’Action française par Rome, et alors nous verrons : donnant, donnant, nous vous garderons peut-être vos églises au nom de l’Art, ce dieu à qui la Démocratie toujours athénienne ne saurait rien refuser.