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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/43

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les syndicalistes révolutionnaires. Il y a sur ce point deux documents de première importance l’un, fourni par le Correspondant, organe de la bourgeoisie catholique ; l’autre, par la Revue Bleue, organe de la bourgeoisie opportuniste et libérale. En 1905, au moment où Rouvier remplaça Combes à la présidence du Conseil, le Correspondant publia un article extrêmement favorable au nouveau président du Conseil et par lequel il le faisait accepter du monde catholique. Un peu plus tard, lorsque Briand arriva au pouvoir, la Revue Bleue, après avoir rappelé sans atténuation, et très allégrement, la singulière carrière de l’ancien socialiste, après l’avoir montré dans toutes les attitudes de la trahison sociale ou nationale, se demandait, avec une parfaite sérénité, si ce n’était pas enfin là l’homme d’État nécessaire à la Troisième République. Ces deux témoignages de chiennerie politique démontrent péremptoirement que les classes bourgeoises capitalistes font passer la défense capitaliste avant la défense de leurs intérêts spirituels ou nationaux. Il n’est donc nullement exagéré d’affirmer que la bourgeoisie moderne constitue une classe qui ne se connaît aucun intérêt supérieur à l’intérêt capitaliste, et, en maintes circonstances, à l’intérêt capitaliste purement usuraire.

On ne songerait pas à critiquer ces conceptions bourgeoises si elles ne produisaient dans l’économie et dans la politique des résultats très dangereux pour la civilisation : elles ont vidé la bourgeoisie française d’une grande partie de ses ressources spirituelles ; elles ont créé une sorte de catholicisme capitaliste qui a fortement contribué (plus peut-être que la vulgarisation scientifique) à développer l’anticléricalisme populaire ; elles ont déterminé l’abaissement de la valeur de la production dans laquelle on cherchait le rendement