Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

financier, et non la haute qualité des produits industriels ; — elles ont désorganisé la famille ouvrière, à laquelle on a pris tous ses membres, chef de famille, femme et enfants, pour posséder dans l’usine la main-d’œuvre à bon marché ; elles ont compromis l’équilibre des organismes nationaux, d’une part en appelant la main-d’œuvre étrangère pour faire baisser les salaires ouvriers, d’autre part en favorisant l’établissement des pouvoirs ploutocratiques qui, par position, sont internationaux et tendent à détruire les formations nationales. Enfin, elles ont diminué la valeur productive et la valeur civique de la bourgeoisie traditionnelle qui a été amenée à soutenir la corruption politique pour favoriser ses établissements industriels et commerciaux, et a été entraînée, hors de son propre domaine, dans les luttes politiques, à tel point que la politique parlementaire est devenue une industrie bourgeoise et capitaliste[1]. En toutes choses, la bourgeoisie est sortie de sa fonction d’organisatrice de la production et de l’échange, et cessant d’exercer son vrai métier, elle a participé à l’exploitation et à la surexploitation des classes ouvrières et au gaspillage des richesses nationales.

Cette dégradation est-elle le produit d’un vice interne de la bourgeoisie ? Ces effets du capitalisme, qui sont dus à la passion de l’or, ont-ils été voulus par la bourgeoisie ? Cette passion de l’or et la passion du plaisir, qui lui est jointe, sont-elles des passions normales dans la bourgeoisie ? Non. Il serait profondément injuste de

  1. Les grands industriels tirent de l’action politique des sur-bénéfices industriels considérables, par les modifications de tarifs douaniers, les fournitures d’État, les concessions, etc. Les jeunes bourgeois qui entrent au Parlement deviennent avocats d'affaires, conseil des grandes compagnies, et terminent leur carrière dans l'administration des sociétés financières, tel Rouvier, président de la Banque française pour le Commerce et l'Industrie.