Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/50

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veaux. De glorieux services étant desservis par une situation matérielle médiocre, les bourgeois sont entrainés à affirmer la supériorité de leurs grosses fortunes en formation. L’orgueil du possesseur d’or se révèle sans réserves, et c’est la première affirmation collective dans la nation de la puissance de l’or.

À l’intérieur même de la bourgeoisie, quel entraînement dans le même mouvement ! Les bourgeois sont confondus entre eux. Au milieu d’eux règnent toujours l’instinct de puissance, la volonté de la supériorité. Mais l’instinct de puissance ne s’exerce plus dans le sens de la profession. Dans la vie publique où la vie bourgeoise est désormais attirée, il n’y a plus que des individus, qui appartiennent à toutes les professions, qui se mesurent les uns les autres, qui se veulent tous dépasser, mais qui n’ont plus de commune mesure, qui ne possèdent plus de règles professionnelles pour s’estimer. Quelle commune mesure entre un fondeur et un marchand de soieries, entre un métallurgiste et un marchand d’épices, entre l’homme d’affaires et le représentant d’une profession libérale ? Quel mètre déterminera la supériorité bourgeoise ? S’il demeure encore quelques éléments d’appréciation, chez quelques survivants des vieux conseils de métiers, combien d’éléments interviendront pour interdire tout jugement ? Ces représentants de professions diverses, s’ils veulent utiliser leurs caractères professionnels pour se mesurer, n’auront-ils pas tout d’abord à déterminer la valeur sociale respective de leurs professions particulières ? Et qui donc en pourra juger ? Le problème est insoluble. Qui pourra dire que la fabrication du drap est supérieure à l’imprimerie ? Ainsi toutes les valeurs professionnelles doivent être écartées, et c’est ce qui se produit. Mais ne reste-t-il aux bourgeois aucune commune