Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/49

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n’y a plus de vie professionnelle, car le dogme veut qu’il n’y ait point d’État dans l’État, partant plus de corporations, plus de républiques bourgeoises. Les bourgeois sont appelés à prendre part à la vie publique, non plus dans leurs cercles professionnels, dans leurs chambres corporatives, mais dans les comices, dans les assemblées électorales, dans les comités, sur l’agora en un mot. C’est là que désormais sont appelées leurs passions. Ils vont s’y trouver confondus avec tous leurs concitoyens, nobles ou ouvriers. Voilà une merveilleuse raison d’anarchie générale. Il est dit que tous y seront égaux. Mais nous savons bien que l’homme ne va pas renoncer à son furieux désir d’inégalité. Les bourgeois essaieront de se reconnaître entre bourgeois et ils y parviendront aisément. Ils vont essayer instinctivement de reformer une classe. Mais quel changement dans leurs rapports ces tentatives déterminent ! quelle modification essentielle dans la vie bourgeoise !

L’instinct de puissance continue de vivre. Et premièrement, il amène le bourgeois à trouver que les nobles constituent un monde parfaitement inutile. Les bourgeois avaient fort bien vécu à côté de la noblesse qui accomplissait sa fonction cependant qu’ils remplissaient la leur. Les nobles conservaient la terre, faisaient la guerre au service du Roi, empruntaient de temps à autre quelques membres à la bourgeoisie afin de refaire matériellement leurs maisons ruinées (en principe dans les grands services d’État). Mais après la Révolution, la loi de la noblesse étant détruite, bourgeois et nobles se trouvant confondus, la grande industrie et le grand commerce naissant, il ne reste en présence, pour la noblesse, que l’orgueil des services rendus, pour la bourgeoise, l’orgueil des services nou-