Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/77

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Œuvres de toute nature, d’instruction, d’encouragement et d’assistance, œuvres professionnelles surtout : si nous savons les organiser de façon à encadrer et prolonger vigoureusement la famille, notre travail préparera un avenir fécond.

Quand cela est fait, s’il reste de pauvres individus, qu’il soit absolument impossible de confier aux soins des personnes sociales, et J’avoue sans peine qu’il en restera toujours, créons alors, comme de tristes nécessités, et en aussi petit nombre que possible, des œuvres hors cadre, pour assumer sur elles les responsabilités, qui ne peuvent être supportées par tes personnes naturelles. Vous avez compris ce principe. Il faut tout faire pour amener ceux à qui Dieu a confié la responsabilité, à la remplir selon les desseins de Dieu. Lorsque tous les moyens dans ce sens ont été épuisés, alors, mais alors seulement, ceux à qui la mort ou d’autres accidents ont ravi tout appui social naturel, peuvent et doivent être confiés à des institutions conventionnelles, assumant sur elles la responsabilité que personne n’est en mesure de supporter. Les œuvres qui se substituent aux personnes naturellement responsables, sont donc, dans une organisation vraie et bien comprise, des exceptions, qu’il faut souhaiter le plus rares possible : car leur multiplication indiquera toujours une recrudescence du mat social.

Au lieu d’en faire t’exception, nous en avons trop fait la règle. Je voudrais pouvoir répéter cela mille fois et sous toutes les formes, afin de me faire mieux comprendre, parce que je suis convaincu que c’est là notre mal le plus profond. Ce n’est pas ici, en effet, le mal conscient des méchants, c’est le mal inconscient des bons, c’eat le mal des bonnes œuvres.

Voilà les principes de la critique faite par l’auteur des Réflexions. Mais il faut lire le volume même pour suivre dans le détail des œuvres cette critique inspirée par le souci d’une vérité et d’un ordre éternel. Il faut suivre l’auteur dans son analyse des principales œuvres dites sociales crèche, asile, école, orphelinat, syndicat, hôpital, asile de vieillards. Ceux de nos amis qui ont le profond souci de faire concorder leur vie sociale et politique avec l’ordre social chrétien trouveront là une règle sûre. Ceux qui n’appartiennent pas à l’Église, mais qui s’inspirent de l’esprit proudhonien, seront saisis par la profonde volonté catholique qui s’y exprime, volonté à laquelle l’incroyant franc-comtois se fût associé, non dans son principe spirituel, auquel il avait cessé d’adhérer, mais dans son principe social qui consolidait l’institution chrétienne qu’il aimait de tout son être : la Famille.

Mais, dira l’opportuniste, la thèse des Réflexions est absolue. C’est l’œuvre d’un théologien qui vit loin du siècle et qui ne tient pas compte des nécessités où sont placés les hommes qui veulent agir dans un monde où mille nuances doivent adoucir la rigueur des vérités éternelles. Que l’opportuniste se rassure. Ce théologien ne néglige aucun des moyens par lesquels on doit faire appliquer les principes par ceux-là mêmes qui les ont oubliés et que le rappel à