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Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/26

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Sur le plan collectif, parmi les groupements auxquels Paul Langevin donna la participation la plus active, en dehors de la LDH, il faut mentionner d'une part le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA), dans la formation duquel, au lendemain de février 1934, il joua un rôle de premier plan ; et le Comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme[1], rassemblement international créé à l'appel de Romain Rolland et Henri Barbusse. Le CVIA, qui réunissait des intellectuels de toutes tendances, se voulait résolument au-dessus des partis, et en liaison étroite avec les travailleurs : on a pu dire qu'il était un véritable petit Front populaire avant la lettre. Pendant plus de deux ans, il donna un remarquable exemple d'unité : unité que les partis politiques ne devaient réaliser que beaucoup plus laborieusement. Entre ceux-ci, la LDH et le CVIA jouèrent un grand rôle conciliateur, faisant souvent appel à Paul Langevin dont ses amis de combat admiraient la « sérénité ardente »[2] qui le gardait « passionné et sage, toujours calme dans la tempête de la dispute »[3]. Lorsqu'en 1935, le Comité mondial perdit son chef et animateur Henri Barbusse, Paul Langevin et Francis Jourdain reprirent le flambeau sous la présidence d'honneur de Romain Rolland. La tâche des combattants de la paix était rendue de plus en plus ardue par l'aveuglement des « pacifistes intégraux », et bientôt la faille s'accentua au sein du CVIA, où Paul Langevin se dépensa vainement pour essayer de convaincre de leur erreur les partisans de la « non-intervention » en Espagne. Peu de mois avant sa mort, il rappelait en ces termes ce que fut pour lui cette période vraiment dramatique :

« L'action est devenue particulièrement dure pour ceux qui avaient compris l'origine commune des difficultés du dehors et du dedans. Après avoir été en quelque sorte sensibilisé par ma présence

  1. Comité mondial dit « d'Amsterdam-Pleyel », en raison des lieux où se tinrent les deux premiers grands meetings, en 1932 et 1933.
  2. Albert Bayet.
  3. Francis Jourdain.