Dieux ! parles bas.
Sans façon je l’avoue, & je m’en fais honneur.
Tu plaisantes.
Ouvrez-moi votre cœur… Parlez… Cela soulage.
Ah, je le sens !
Votre œil se rembrunit ; j’y vois le dédain… Bon ! —
Quant au beau Chevalier ; oh ! c’est une autre affaire !
Convenez, entre-nous, qu’il est formé pour plaire.
Vous souriez ; bon signe. Il est intéressant :
Tout annonce chez lui le plus sincère amant.
J’ignore si, pour lui, ma tendresse est extrême ;
Mais je sais qu’il m’est cher beaucoup plus que moi-même.
Ces grands mots : flâme, amour, qui, dans tous nos Romans,
Me paraissoient si bien rendre les sentimens ;
Comme ils me semblent froids ! À te parler sans feindre,
Ce que je sens, Marton, ils ne sauroient le peindre.
Le Chevalier me charme, & pourtant je le crains…
Plus que lui je ressens ses plaisirs, ses chagrins…
On diroit, tant mon âme à la sienne est unie,
Que nous n’en avons qu’une, & qu’une même vie.