Page:Caillot - Voyage religieux et sentimental aux quatre cimetières de Paris, 1809.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de temples, de monumens, de palais, de maisons, de toutes les formes et de toutes les hauteurs ; et, comme un autre Xerxès, passant en revue l’innombrable population qui s’agite sur cette petite portion du globe, et qui, chaque jour, se lève, et se couche sans aucune prévoyance de l’avenir, comme si elle ne devoit jamais finir, je me disois à moi-même : Hélas que seront devenues, dans un siècle, la génération qui me précède, la génération avec laquelle je suis né, la génération qui me suit ? Sans doute cette reine des cités aura déjà vu se renouveler plusieurs fois la foule des vivans qui se pressent aujourd’hui dans son enceinte. Ses pompeux monumens auront d’autres spectateurs et d’autres admirateurs ; ses palais seront habités par des hommes qui auront oublié, ou n’auront jamais connu ceux qui les habitent dans ce moment ; d’autres magistrats y feront d’autres lois ; d’autres capitaines y seront recompensés d’autres exploits ; d’autres savans seront assis dans un autre Institut ; d’autres théâtres auront d’autres acteurs ; les enfans qui viennent de naître, et ceux qui naîtront demain, après-demain, seront des aïeux depuis long-temps oubliés, et dont les portraits enfumés et déchirés auront