Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/104

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Vous savez[1] ce qui arriva autrefois au singe, lorsque les animaux le déclarèrent leur roi ; des grimaces, des gambades, des singeries lui méritèrent cette gloire, mais le jour même il tomba dans un piège… Avec beaucoup d’esprit on peut plaire aux hommes. Ce n’est pas assez pour régner sur eux.

Le renard est adroit, dissimulé : ces deux qualités lui placeraient-elles la couronne sur la tête ? On a dit que qui ne sait pas dissimuler ne sait pas régner. Le renard sera donc un monarque accompli, il dissimulera toujours. Que le ciel écarte un pareil prince du trône ; une tyrannie ouverte est moins terrible qu’une politique cachée. Si la vérité était exilée de la terre, elle devrait encore se trouver dans la bouche des rois ; voilà l’oracle des souverains. Je vois encore le coq et le paon sur les rangs ; mais ni l’un

  1. C’est le sujet d’une fable de La Fontaine ; elle a pour titre : le Renard, les Singes et les Animaux. Voici les deux derniers vers :

    Il fut démis ; et l’on tomba d’accord,
    Qu’à peu de gens, convient le Diadême.