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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/103

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titre qu’il ne mérita jamais ; un roi doit être le père de ses sujets ; le lion en est le bourreau. Il s’abreuve de leur sang, il se nourrit de leur chair : est-il dans la nature un monstre plus détestable ? Fuyons loin des lieux qu’il habite. Il est dangereux d’être auprès des tyrans.

Le cheval est trop fier, trop plein de lui-même pour monter sur le trône. Un roi doit être populaire, la dureté ne doit point siéger dans son cœur. Élevé au-dessus des autres, il n’en est pas moins leur égal ; il est faible et mortel comme eux. Le cheval n’est occupé que de lui-même, audacieux, plein de feu, il voudrait être adoré. Un roi ne doit être que bien aimé.

Sera-ce au mouton que nous donnerons le diadême ? Il est doux, paisible, compatissant, il fera des heureux. Vous vous trompez : les deux extrémités sont également à redouter sur le trône. Un prince méchant et un roi trop bon, s’avancent d’un pas égal vers la tyrannie. Le premier y marche tout seul ; le second s’y trouve porté par ceux qui l’environnent ; voilà la seule différence.