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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/22

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parences sont trompeuses ; ils ne les prennent point pour juges : on dit que c’est assez le défaut des Babyloniens, tant pis pour eux : les beaux habits sont souvent l’étiquette des sots.




CHAPITRE VI.

La philosophie de l’Âne.


On définit ordinairement un philosophe, un animal qui rumine ; l’âne ne rumine point, cependant il est excellent philosophe. Un auteur anonyme a écrit que l’âne a du courage sans cruauté, de la force sans fureur, du bon sens sans orgueil, et de l’esprit sans vanité. Cet auteur a raison : l’âne ne fait rien pour lui-même, il fait tout pour les autres : il est extrêmement patient, c’est la douceur même. Jamais on ne le voit se battre, jamais il n’a eu de procès ; bon ami, bon mari, bon père ; il est le modèle et le prototype de toutes les vertus.

L’âne est toujours égal à lui-même : il