Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/23

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a aujourd’hui les mêmes inclinations qu’il avait hier ; et l’année prochaine, il aura le même train, la même allure que cette année. Il n’est ni gourmand, ni avaricieux, ni fainéant, ni délicat. Sa philosophie ne le rend ni sombre, ni bourru : il est animal de bonne société, et n’importune personne.

L’ingratitude, ce défaut que l’on reproche à bien des philosophes, lui est inconnue. L’âne reconnaît son maître, il lui obéit avec plaisir ; il en est de même de quiconque le traite bien. Il s’attache à eux, leur prouve par mille caresses, qu’il n’est pas insensible aux bons procédés.

Quoi qu’on dise que la vengeance est un plaisir digne d’un Dieu, l’âne lui préfère la clémence. Il ne s’amuse point non plus à décrier ses semblables : la médisance, la calomnie n’ont jamais eu d’accès dans son cœur.

Il ne fait point consister la philosophie, à prendre le contre-pied de la nature ; il sait qu’il est sorti de ses mains, qu’elle est sa mère, et que plus il suivra les sen-