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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/33

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La reconnaissance d’un si grand bienfait, continue cet auteur, porta les habitants d’une principale ville de la Grèce, à ériger au milieu d’une place publique, une statue de pierre en l’honneur de l’âne. Les génies les plus distingués se disputèrent la gloire d’en composer les inscriptions, et l’on n’épargna rien pour témoigner à l’ingrate postérité, les obligations qu’on avait à un animal si utile.

C’était sans doute pour la même raison que l’âne était si cher à Silène, le père nourricier de Bacchus, c’était pour cela que les Romains décoraient leurs salles à manger, avec des têtes d’ânes entrelacées de branches de vigne ; et que les Syriens, ainsi que les Hébreux[1], se ser-

  1. En hébreu on appelle un âne, Chamor ; et le vin Chomer. Isidor. Lib. 2. Orig. fait venir le mot âne, du verbe latin assidere, qui signifie être assis ; parce que la manière la plus usitée de s’en servir autrefois, était de s’asseoir dessus.

    Lemery, dans son dictionnaire, fait descendre l’âne d’un mot grec, qui signifie lent, paresseux ; c’est une pure méchanceté de sa part ; car dans la même langue, il pouvait le faire venir d’un autre mot qui signifie, sans défaut. Cette étymologie est préférable à l’autre ; elle est conforme à la chose.