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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/36

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poètes ne feraient-ils pas, s’ils ne changeaient souvent l’eau d’Hippocrène avec le lait de Santeuil ? Qui parle mieux, qui fait de plus belles figures de rhétorique, qu’un homme qui a quelques bouteilles de vin sur la conscience ? Qui pousse mieux que lui, un argument en ferio ou en baroco ? Quelqu’un osera-t-il me contester que depuis qu’il y a des médecins dans le monde, tous ensemble n’ont pas fait par hasard le tiers des cures que le vin a fait par sa propre vertu ? Quant à l’astrologie, il n’y a point de bon buveur qui ne s’en moque. Oui, oui, le vin est la clef des sciences, le père des chefs-d’œuvre, la source de tous les plaisirs ! Vous qui avez appris à le multiplier, utiles baudets, qui pourra jamais reconnaître de si grands bienfaits.

Sans votre heureuse découverte, que deviendraient les plus beaux repas ; en vain le docteur Sangrado envoie ses malades se désaltérer avec les grenouilles, il aura peu de sectateurs ; en vain la Normandie prône partout le jus de ses pommes, la Hollande sa bière, l’Angle-