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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/55

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presque ravie. Le cabriolet que tu conduisais est renversé, tes pieds embarrassés dans les rênes, ne peuvent se dégager, et tes chevaux te traînent impitoyablement dans la poussière : ô héros de la Prusse, continue de faire de jolis vers, de rendre tes peuples heureux, et ne conduis plus de cabriolets.

J’ai vu le Danemarck en pleurs : un cheval en était la cause : il avait cassé la jambe à ce prince, le dieu tutélaire du Nord, à Frédéric V, que la paix, la justice et l’humanité regretteront toujours.

Que dirai-je du cheval de Sejan[1], si

  1. Aulugelle L. 3. ch. 9. nous apprend que ce cheval était d’Argos ; c’était le plus beau cheval qu’on eut vu à Rome. Celui qui le posséda le premier, fut Cneus Sejus, que Marc-Antoine fit mourir. Dolabella l’acheta dix mille sexterces, et Dolabella fut tué pendant la guerre civile. Il passa successivement entre les mains de Cassius et de Marc-Antoine, qui tous deux périrent de mort violente. D’où vint le proverbe : cet homme a le cheval de Sejan, pour désigner un homme malheureux. On a remarqué que le connétable de Bourbon, dont les malheurs et la mort funeste pendant le siège de Rome sont assez connus, avait pour devise : Equo-Sejano. Dans tous les siècles, il semble que le hasard a concouru à accréditer les préjugés et la superstition.