Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/60

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il pourrait vous faire le même reproche. N’est-ce pas à la queue d’un cheval qu’on attacha la célèbre Brunehaut, cette reine si décriée par les anciens et vengée par les modernes ? N’est-ce pas un cheval qui traîne la charette qui porte un criminel à l’échafaud, qui tire la claie sur laquelle est étendu le cadavre de celui qui s’est donné volontairement la mort ? Perfide Metius, ce furent des chevaux indomptés qui te déchirèrent par lambeaux pour venger ta trahison. Si une malheureuse qui n’a pas rougi de dégrader son sexe, en immolant d’innocentes victimes à la prostitution, est condamnée à parcourir les rues de Babylone, un chapeau de paille sur la tête, assise sur un âne, la face tournée vers la queue, est-ce une raison pour mépriser l’âne qui la porte ? Non sans doute : châtier les méchants fut toujours l’emploi des demi-dieux.

Les objections des ânes de Babylone, ne sont pas mieux fondées que celles du cheval : ils se récrient sur les emplois de l’âne : ils les traitent de vils, de grossiers : d’emplois bas et avilissants : cette préten-