Aller au contenu

Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

due bassesse est absolument imaginaire. Nul état sur la terre n’est déshonorant pourvu qu’on l’exerce avec zèle et probité. Qu’on couvre d’opprobre un usurier, un tartufe, un fainéant, je ne m’y oppose pas ; mais un âne fut-il employé à des travaux encore plus mécaniques que ceux qu’on lui donne, dès qu’il fait son devoir, il mérite des éloges.

Au reste, qu’entend-on par de vils emplois ? Quels sont donc ceux de l’âne pour les ranger dans cette classe ? Un laboureur actif, un artisan intelligent, est-il moins précieux à la société, qu’un marchand de cabrioles, un joueur de gobelets ? Est-il plus noble de jeter des dés sur un tapis vert, ou remuer des cartes, que de transporter du fumier sur la terre pour l’engraisser ? Tel est pourtant l’emploi de l’âne : où est cette prétendue bassesse dont on fait tant de fracas ? C’est un fantôme, on ne le réalisera jamais.

Je ne vois qu’une seule différence entre les occupations d’un âne de Montmartre, et celle d’un âne de Babylone ; l’utilité des uns, et la superfluité des autres : on