Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/63

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temps, en tout lieu, ils doivent toujours la défendre.

C’est pour me conformer à cet article que j’entreprends ici de justifier les ânes, de les laver des tâches horribles que leurs ennemis, et surtout les Babyloniens, s’efforcent de leur imprimer. On les accusse d’être entêtés, lâches, timides et méchants. Voilà, sans doute, un corps d’accusation bien grave : rien cependant de plus facile à détruire : c’est une pure calomnie.

L’âne a naturellement de la constance et de la fermeté ; c’est ce qui fait qu’en hébreux une ânesse s’appelle athon, qui vient du verbe athana, lequel signifie être ferme dans ses desseins : ce qui s’accorde assez bien avec ce qu’Homère dit d’Achille, dont il compare la fermeté à celle d’un âne, au livre second de son Illiade.

Si la constance et la fermeté sont louables dans ce héros, pourquoi en faire un crime dans un âne ? Pourquoi ce qui est vertu dans l’un, sera-t-il un vice dans l’autre ? On méprise un sénateur faible,