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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/71

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vous tous qui semblables à Mécène, feignez de dormir, lorsque de riches protecteurs veillent avec vos femmes ou vos filles, ânes postiches, écoutez ce que fit autrefois un âne véritable, et rougissez.

Vous savez peut-être que Vesta était une déesse, jeune et jolie, qui avait juré par le Styx, que jamais aucun Dieu, encore moins un mortel ne toucherait à certaine petite rose dont en naissant lui fit présent la nature. Déjà quinze ans s’étaient écoulés, et Vesta n’avait point violé son serment. Qui serait vertueuse, si une déesse ne l’était pas ? N’allez pas croire cependant que sa fidélité n’eût point été mise à l’épreuve. Tous les dieux avaient tenté de ravir la rose, tous excepté Priape, s’étaient avoués vaincus ; ce Priape avait le don de la persévérance : avec elle il prétendait obtenir la rose ; mais hélas le pauvre Dieu n’avait pas mieux réussi que les autres, et Vesta riait de ses tourments.

Un jour que cette jeune déesse, assise sur un lit de gazon, réfléchissait sur les différents assauts qu’elle avait repoussés, et s’applaudissait en secret de ses triom-