Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

immense. À peine deux heures de travail suffisent pour en venir à bout : il y a toujours quelque couture qui fait mal. Il n’est pas si facile qu’on pense de faire paraître neuf, un visage composé de pièces et de morceaux. Heureuse l’ânesse qui a une ravaudeuse habile ! elle retournera sa figure de toutes les façons.

Les Babyloniennes n’étant pas naturellement belles, n’ont qu’une idée fort imparfaite de la beauté : cette idée est même très-sujette à changer. C’est ce qui a fait croire à plusieurs naturalistes, que la beauté est une chose de pure convention, qu’elle n’a rien de réel. D’autres, frappés de l’espèce d’uniformité qu’ils ont remarquée dans les traits de toutes les ânesses, n’ont osé décider la question. Pour moi, après avoir examiné fort scrupuleusement les Babyloniennes, j’ai observé que ce changement et cette uniformité venaient de ce que dans la capitale, il paraît de temps en temps, un modèle auquel toutes les ânesses qui aspirent au titre de jolies, doivent se conformer. Je me rappelle que dans mon dernier voyage, ce