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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/78

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maginent bonnement qu’elles ont raison : ils leur ont dressé des autels ; ils ne reconnaissent point d’autres dieux.

À Montmartre, l’âne et l’ânesse vont d’un pas égal ; l’un ne se croit pas plus que l’autre ; tous deux travaillent, tous deux sont utiles à la patrie. À Babylone, c’est bien différent ; les ânesses sont des reines : des reines ne travaillent pas : les ânes sont leurs sujets, leurs esclaves, et quelque chose de pis encore.

Une ânesse qui a bien su copier le modèle du jour, est la boussole de l’entendement des Babyloniens. C’est elle qui dirige leurs pensées, leurs paroles, leurs actions. Rien ne sera bien dit, rien ne sera bien fait que ce qu’elle aura dit, fait ou fait faire : lui désobéir, est un crime de lèze-beauté divine. Quiconque n’encense pas l’idole, est regardé comme un athée ; les foudres de l’indignation ont déjà frappé sa tête, il ne parviendra jamais.

J’ai connu un âne de robe, qui avait pour maîtresse, une de ces soi-disantes beautés divines ; c’était elle qui dictait