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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/97

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que soient les honneurs, les privilèges accordés aux ânes, par les anciens, ce n’est rien en comparaison de ce que les modernes ont fait pour ces vénérables animaux. On a institué une fête en l’honneur de l’âne, et cette fête fut célébrée longtemps dans les plus grandes villes de la France, avec toute la pompe et la magnificence possible. On revêtait un âne d’ornements superbes : il assistait à un office composé en son honneur : on lui donnait l’encens, la plus belle place était

    à Autun, à Rouen, etc. Le Sous-Diacre d’Office dans certains lieux accompagné des enfants de chœur, après avoir décoré le dos d’un âne d’une grande chappe, allaient le recevoir à la porte de l’Église, en chantant une antienne dont un des versets est assez drôle. Le voici :

    Aurum de Arabiâ
    Thus et mirrham de Sabâ,
    Tulit in Ecclesiâ
    Virtus asinaria.

    C’est-à-dire, suivant M. de Sainte Foix, que la vertu asinine a enrichi le Clergé ; on pourrait lui dire que sa traduction n’est pas fidèle ; qu’il y a dans le latin l’Église, et non le Clergé : mais il ne faut pas chicaner sur les mots.