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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/98

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pour lui, enfin il était reconduit avec le plus grand appareil au lieu où on l’avait pris. Faut-il que des usages si beaux, des honneurs si légitimement dus, aient été abrogés ? Il y a des gens qui soutiennent qu’ils n’ont point été abolis, mais que ce sont des ânes à courtes oreilles qui ont usurpé ces honneurs. Qu’ils ont encore la première place dans les cérémonies, qu’ils portent des ornements magnifiques, qu’on leur donne l’encens… c’est une injustice de plus : ô postérité, postérité, tremble ! Le crime de tes pères retombera sur la tête des enfants.

Que c’est avec plaisir que je me rappelle cette sensibilité dont autrefois les sancerois furent pénétrés envers les ânes, lorsqu’ils furent obligés de les tuer pour vivre. Cette histoire, quoique douloureuse, fait trop d’honneur aux ânes pour n’en pas embellir cet éloge. Elle est digne d’être transmise aux siècles les plus reculés.

Vous saurez donc, ô vous tous qui naîtrez un jour, ânes futurs, que du temps de Charles IX, temps de guerre et de dé-