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NOTICE SUR CALDERON.

ment par un récit (quelquefois un peu long). Je préfère, je l’avoue, la méthode de Calderon. Elle est moins vive, moins animée ; elle saisit moins le spectateur, mais elle permet davantage au poète cette progression de mouvement qui me semble surtout nécessaire dans un ouvrage dramatique (14).

Enfin, ce qu’il faut remarquer en parlant de la composition de Calderon, c’est l’art avec lequel il amène une situation inattendue, un coup de théâtre. Cet art merveilleux avait été reconnu des contemporains de Calderon, qui appelaient les beaux effets de scène des effets à la Calderon (lances de Calderon). Et en réalité, du point de vue scénique, Calderon est non seulement le premier des dramatistes espagnols, mais, peut-être, des dramatistes de tous les temps et de tous les pays (15).


Venons aux caractères et aux passions.

Dans la plupart de ses comédies, Calderon n’a guère représenté que des caractères généraux. C’est le galant qui arrive de Flandre ou d’Italie, ardent, brave, aimable, toujours l’épée à la main et des douceurs à la bouche ; la dame, spirituelle et passionnée ; le vieillard, un peu crédule sans doute, mais noble, généreux, et d’un dévouement parfait pour les dames ; le valet bouffon (gracioso), gourmand, poltron, curieux et bavard ; et enfin la suivante (criada), qui sert avec une complaisance extrême les amours de sa maîtresse. Tel est le personnel, un peu monotone, des comédies d’intrigue de Calderon.

Mais il ne faut pas croire pour cela que Calderon n’ait jamais peint que des caractères généraux ; il a, au contraire, dans la plupart de ses comédies historiques ou sérieuses, des figures caractérisées de la manière la plus individuelle. Tels seraient les divers personnages de l’Alcade de Zalaméa, le marquis de Barlançon dans le Siége de Bréda, le bandit dans Louis Perez de Galice, Eusebio de la Dévotion à la Croix, Marianne du Tétrarque de Jérusalem, etc., etc. Toutes ces figures ont des traits individuels bien marqués, et quand on les a vues une fois, elles demeurent profondément gravées dans la mémoire.

Il est surtout deux types que Calderon semble avoir affectionnés, et qui méritent une mention spéciale.