Oui, certes, et plût au ciel, seigneur, que je ne l’eusse connu jamais ! car c’est à cause de lui que je suis exilée loin de mon pays, de ma famille, et que ma réputation est perdue, détruite !
Cette première réponse déjà me soulage. (Haut.) Dites-moi encore : lui avez-vous donné quelquefois l’occasion de vous parler la nuit ?
Moi, seigneur ?
Oui.
Hélas ! oui, bien souvent, trop souvent pour mon malheur.
Ô mon âme, réjouis-toi ! (Haut.) Permettez-moi, Flerida, une dernière question.
Laquelle ?
Vous me promettez la même franchise ?
La même.
Dites-moi : n’étiez-vous pas tous deux ensemble, la nuit, dans un jardin, lorsque…
Arrêtez, n’achevez pas !… Oui, nous étions dans un jardin lorsque s’est accomplie cette déplorable tragédie. Nous ne pensions pas, hélas ! que ces mêmes fleurs, témoins discrets de nos amours…
Cela suffit, Flerida ; ne vous appesantissez pas sur d’aussi tristes souvenirs… Vous m’avez rendu la vie et l’âme.. Oh ! pardonne, ami fidèle, pardonne-moi une pensée injurieuse ! Me voilà détrompé pour jamais !… Ne parlez pas à Lisarda de cette conversation, et demeurez avec Dieu.
Un moment, de grâce ; où allez-vous de la sorte ?
Je n’ai pas besoin d’en savoir davantage ; vous m’avez complètement rassuré. Il est juste que j’aille voir don César, qui m’attend en prison.
Arrêtez !