Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome I.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
JOURNÉE I, SCÈNE III.

marcela.

Non pas ; j’y mettrai ordre auparavant.

silvia.

De quelle manière ?

marcela.

En lui écrivant de me garder le secret jusqu’à ce qu’il m’ait vue, et ce ne sera pas plus tard que ce soir.

silvia.

Quoi ! vous lui déclareriez qui vous êtes ?

marcela.

Jésus ! Jésus ! que le ciel me garde !

silvia.

Que ferez-vous donc alors ?

marcela.

Il me vient une idée. — Laura est la dame de mon frère…

silvia.

Oui, madame.

marcela.

Laura est mon amie…

silvia.

Oui, madame.

marcela.

Laura sait ce que c’est que l’amour ; je me confierai à Laura.

silvia.

Et après ?

marcela.

Après ?… Viens, Silvia ; mon frère pourrait rentrer et nous entendre. — Viens dans ma chambre, que je te communique mon projet. Tu l’approuveras, j’en suis sûre.

Marcela et Silvia sortent.



Scène III.

Une chambre.
Entrent FABIO et LAURA.
fabio.

Qu’as-tu donc, ma chère fille ?… Depuis quelques jours tu ne fais que soupirer et pleurer. D’où te vient ce chagrin ?

laura.

Je l’ignore, seigneur. — Si je connaissais la cause de mon mal, il me serait plus facile d’y remédier ; mais j’en vois les effets, sans en connaître la cause… C’est une sorte de mélancolie qui m’est venue, je crois, sans sujet, sans motif.

fabio.

Je ne sais que te dire, mon enfant. Soigne-toi, prends garde…