Eh ! oui. Laura.
Comment cela ?
Voici comment : Ou vous avez de la jalousie, ou non. Si c’est non, pourquoi, Laura, feignez-vous une colère que vous ne ressentez pas ? Si c’est oui, pourquoi ne voulez-vous pas que je m’explique, puisque aucune personne jalouse ne se refuse à une explication ? Ainsi, soit pour que je m’excuse, soit pour vous satisfaire, si vous avez de la jalousie, daignez m’entendre, ou me parler, si vous n’en avez pas.
Vous n’auriez pas trop mal raisonné, don Félix, si, de ce qu’une femme est mécontente, il s’ensuivait nécessairement qu’elle est jalouse ; mais si l’un n’entraîne pas l’autre, car je puis avoir du mécontentement sans avoir de la jalousie, alors je n’ai pas à vous entendre, et vous, vous n’avez pas à me parler.
Eh bien ! vive Dieu ! ou mécontente ou jalouse, il faudra que vous m’écoutiez avant que je prenne congé de vous.
Vous en irez-vous après, si je vous écoute ?
Oui, je m’en irai.
Eh bien ! parlez, et ensuite allez-vous-en.
Je n’essaierai point, Laura, de nier que j’aie aimé Nice…
Arrêtez, de grâce. Si vous n’avez pas autre chose à me dire, ce n’est pas la peine de continuer. Je m’attendais a mille protestations courtoises, vraies ou fausses, car il est des chagrins qui se plaisent à être consolés même par le mensonge ; je m’attendais à mille assurances d’une fidélité sans bornes, d’un attachement absolu, exclusif, inaltérable, et vous me jetez au visage que vous avez aimé Nice ! Vous ne sentez donc pas qu’en croyant m’apaiser, vous m’offensez encore ?
Pourquoi ne m’avez-vous pas laissé finir ?
Comment ! vous pensez pouvoir vous excuser ?
Oui, sans doute.
Que l’amour le permette !