osez entrer de la sorte dans ma maison, dans mon appartement ?
Hélas ! madame, celui qui désire mourir ne craint plus rien. Et si ma mort pouvait me venger de vos mépris, je voudrais mourir à vos yeux pour être heureux du moins par ma mort.
Celia !
Que vous plaît-il ?
La faute en est à toi.
À moi, madame ?
Si tu avais fermé la porte.
Je l’ai fermée, madame.
Oui. madame, ce n’est point Celia que vous devez quereller ; elle n’a aucun reproche à se faire ; elle ne m’a point aidé à vous voir. C’est moi seul qui suis coupable, ainsi c’est moi seul que vous devez punir… Mais non ; vous la grondez parce que vous êtes injuste par goût et par habitude, et que vous ne tenez pas à être plus équitable envers elle qu’envers moi.
En effet, vous avez raison ; je suis naturellement et par plaisir d’une injustice sans égale. Car vous n’avez pas écrit à Nice, n’est-ce pas ? car vous n’avez pas été chez elle, n’est-ce pas encore ? car elle, de son côté, elle n’a pas été chez vous, n’est-il pas vrai ? — Oh ! oui, je suis la plus injuste des femmes, et vous, le plus innocent des hommes !… Oui, je suis inconstante, légère, volage. Mais si je suis volage, légère, inconstante, pourquoi me cherchez-vous ? que me voulez-vous ?
Je veux seulement vous persuader que vous vous trompez, que vous avez conçu à tort de la jalousie.
Moi de la jalousie, don Félix ?
Oui, Laura, et…
Qui vous a dit que j’eusse de la jalousie ?
Votre conduite envers moi.
Ma conduite envers vous ?