et du public, j’ai cru devoir sans plus de retard me rendre à Milan ; et c’est dans ce but que je suis venu, me flattant de vous rejoindre avant que vous vous fussiez présenté au prince. Mais, en arrivant, j’ai appris que vous aviez déjà rempli ma mission, et que vous étiez logé ici, et je venais pour vous rendre compte de tout. À vous de voir maintenant ce que nous devons faire, et s’il y a quelque moyen d’arranger tout cela.
Je vous ai écouté avec toute l’attention dont je suis capable, et je me suis ému en voyant chez une femme des sentimens aussi vindicatifs et une aussi noire trahison. Mais pour laisser ce sujet, je vous approuve fort d’être venu ; car votre absence doit détourner les soupçons. Le mal est que, par suite d’une aventure non moins étrange, mais moins tragique, j’ai, comme on vous l’a dit, remis au prince la lettre du duc ; et ainsi force nous sera, pendant ce carnaval, que nous passerons à Milan, d’être, vous don Félix, et moi don César. Puis nous repartirons ensemble, et une fois de retour à Parme, personne ne s’inquiétera si celui qui a remis les dépêches du duc était don César ou don Félix.
Fort bien ! je vais tâcher désormais de chasser le souvenir d’une ingrate qui m’occupe encore malgré sa perfidie. — Mais, dites-moi ; comme à mon compte vous devez être arrivé d’hier au soir, d’où vient donc que vous avez si tôt rendu visite au prince, et comment vous trouvez-vous logé chez l’Intendant de la justice ?
Il importe que vous soyez au fait de tout ; écoutez-moi donc, et vous verrez que mon aventure n’est pas moins extraordinaire que la vôtre. — Hier, en arrivant à Milan, et même avant d’avoir mis pied à terre…
Voici le seigneur Lidoro.
Je vous raconterai cela plus tard.
Tristan, vos effets sont à l’hôtellerie de l’Étoile ; vous n’avez qu’à les y aller demander, et aussitôt on vous les rendra.
Certes, oui, j’y vais tout de suite ; car j’ai là-bas toute ma fortune, et ici personne ne songe à moi.
Pardonnez, don César, si je me présente si tard chez vous. C’est