le gouverneur qui m’a fait appeler pour une affaire importante, une affaire d’honneur, laquelle m’a empêché de venir plus tôt, et m’oblige à vous quitter à l’instant. Je suis chargé d’arrêter à Milan un homme sur lequel je voudrais mettre la main, dût-il m’en coûter tout ce que j’ai, et je ne sais de lui que son nom.
Nous pouvons sortir ensemble dès qu’il vous plaira ; car je suis moi-même obligé d’aller chez le prince.
Qui est ce cavalier ?
C’est un de mes amis, seigneur, qui est venu à Milan pour affaires, et qui, me sachant ici, m’a fait l’honneur de me venir voir. (À don César.) Approchez, don Félix.
Qu’ai-je entendu ? Il s’appelle don Félix ?
Oui, seigneur.
Excusez-moi de ne vous avoir pas baisé la main avant de vous être présenté par don César.
Je dois remplir mon devoir, (À don Félix.) Quel est le nom de famille de votre ami don Félix ?
Il se nomme don Félix Colona.
Don Félix Colona ?
Oui, seigneur ; d’où vient votre étonnement ?
Je suis fâché de l’avoir entendu nommer.
Quoi ! vous n’aimez pas que je porte ce nom ?
Il est vrai ; j’aurais donné beaucoup pour vous trouver ce matin ; je ne donnerais pas moins en ce moment pour ne vous avoir pas trouvé.
Que vous fait mon nom, seigneur ?
Je ne sais comment vous dire, don César, que mes devoirs, ma vie, mon honneur, veulent que j’arrête votre ami, et c’est pour cela que je suis peiné de le trouver chez moi avec vous.
Quoi ! vous voulez arrêter don Félix ?