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BONHEUR ET MALHEUR DU NOM.

nice.

Passez votre chemin.

tristan.

J’aime beaucoup le son de votre voix.

nice, à part.

Continuons à le suivre.

tristan.

Écoutez, ma princesse. Si, parce que je suis étranger, vous vous figurez qu’il y a de l’argent dans mes valises, et qu’à cause de cela vous me suiviez à la piste, vive Dieu ! désabusez-vous. Il n’y a dans mes valises que des effets, du linge ; et tout ce que je pourrais faire pour vous, ce serait de vous donner une de mes chemises… pour la laver. Si vous désirez autre chose, vous n’avez qu’à m’écrire ; voilà ma maison.

nice.

Je me réjouis de la savoir. Au revoir, mon ami ! (À part.) Allons avertir ma maîtresse.

tristan, à part.

Elle ne me suivait que pour savoir ma maison, et peut-être s’amusait-elle de me voir porter une aussi lourde charge.

Il pose les valises à terre.

Scène III.

Un appartement chez Lidoro.
Entrent DON FÉLIX et DON CÉSAR, puis TRISTAN.
don césar.

Pardieu ! vous m’avez conté là d’étranges choses.

don félix.

Tout cela m’est arrivé depuis hier.

don césar.

Mais jusqu’ici rien ne nous explique comment on a pu vous soupçonner de l’enlèvement de doña Violante.

don félix.

Comment accorder cela avec son absence, après sa trahison ? — Tristan, d’où viens-tu donc ?

tristan.

Je viens de me quereller, et voici ce que j’en rapporte ; cela en dit assez.

On frappe à la porte
don félix.

N’a-t-on pas frappé ? — Vois qui c’est.

tristan.

Malheur à moi quand je l’ouvrirait

don félix.

Et pourquoi ?