N’est-ce pas moi qui le suis ?
Oui.
La lettre est donc pour moi, puisque celui qui veut me parler ne vous connaît pas.
Vous êtes curieux, parce que vous avez pris mon nom, de vouloir que je ne sois plus don César !
Il serait plus curieux encore que j’eusse été don César pour trouver une hospitalité généreuse et pour obtenir la bienveillance d’un ange, et qu’après avoir profité de cette bonne fortune, je ne fusse plus don César quand viennent les ennuis. Non, mon cher, et il ne sera pas dit que je sois ici pour tout le monde don César quand cela va bien, et que je ne le sois plus quand cela va mal. Et puisque je ne suis pas homme à céder ni au bien ni au mal, laissez-moi, vive Dieu ! courir toutes les chances du bonheur et du malheur du nom.
Dites tout ce qu’il vous plaira, mais rendez-moi la lettre, que je la lise.
Cela ne vous regarde pas.
Ne vous obstinez pas ; il faut que je la voie.
Et comment, si je la garde ?
Je ne sais, mais du moins…
Après ?
J’empêcherai que vous ne la lisiez.
Par quel moyen ?
Je ne vous perds pas de vue un instant… Partout où vous irez j’irai avec vous ; je ne vous quitte plus d’un pas, et d’aujourd’hui je vous suis comme votre ombre.
Cependant comment ferez-vous, étant prisonnier ?
Je passerai par-dessus toute considération, et je déclarerai hautement qui je suis.