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BONHEUR ET MALHEUR DU NOM.

de m’excuser, et que nous nous verrons plus tard. — Puis-je compter sur vous ?

lisardo.

Entièrement, et vous pouvez être sûr que votre commission est faite, comme si vous eussiez parlé à lui-même.

don félix.

Le ciel vous garde mille années !

lidoro.

Eh bien ! venez-vous ?

don félix.

Je vous suis. (À part.) De cette façon, si mon honneur n’est pas complètement satisfait, du moins il est hors de péril.

Lidoro et don Félix sortent.
lisardo.

Qu’est-ce donc que tout ce qui m’arrive ? Comment expliquer tous ces doutes, tous ces mystères ?… Je défie don César, il sort à mon appel, et Aurelio vient le chercher en l’appelant don Félix ! Je croyais que c’était pour moi qu’il venait, et c’était pour venger sa propre offense ! Ensuite voilà le seigneur Lidoro qui m’apprend qu’il a chez lui doña Violante !… Comment donc si ce cavalier est don César, Aurelio ne le connaît-il point ?… et s’il est don Félix, pourquoi le seigneur Lidoro dit-il qu’il va traiter avec lui du mariage de don Félix ?… Le temps seul pourra m’éclaircir tous ces doutes… Allons joindre Aurelio ; car désormais je dois être à son côté jusqu’à ce que nous nous soyons vengés de ce cavalier, qu’il soit don César ou don Félix… Jusque là, ciel puissant, donne patience à mon courage !

Il sort.

Scène III.

Un salon dans la maison de Lidoro.
Entrent DOÑA SERAFINA et FLORA, masquées.
doña serafina.

Qu’as-tu dit à doña Violante ?

flora.

Que plusieurs de vos amies vous avaient persuadée de vous déguiser, et que vous alliez avec elles à un grand festin.

DONA SERAFINA.

doña serafina.

Viens donc vite.

flora.

Quoi ! vous êtes bien résolue ?

doña serafina.

Sans doute. Ayant appris de doña Violante que don César est l’unique cause de ses chagrins, et celui-ci n’ayant pas profité de l’occasion que je lui avais donnée de me parler, quoique tu l’aies averti par deux fois en chantant, je dois croire que ç’a été pour ne